Les causes de la crise économique de 1929

La crise de 1929 a eu de nombreuses causes, tant aux États-Unis, où s'est produit le premier tremblement de terre financier de l'histoire, qui a eu un de ses points d'appui le jeudi noir à Wall Street, mais dont les causes et les conséquences étaient beaucoup plus complexes qu'un krach boursier, qu'au niveau international, où de nombreux pays ont été impliqués dans une terrible récession qui a duré plusieurs années. Cependant, la crise a officiellement commencé avec l'effondrement de la bourse de Wall Street qui a marqué la destruction, en valeur et en croissance, de nombreux secteurs industriels et entrepreneuriaux qui, jusque dans les années 1920, avaient connu à la fois une croissance exponentielle du chiffre d'affaires et une croissance financière parallèle et tout aussi intense. La crise a profondément touché les États-Unis d'Amérique, frappant durement leurs salaires et leurs prix à la consommation et bloquant leurs échanges intérieurs et internationaux, tout en augmentant le niveau de chômage tant dans les villes industrialisées que dans les zones agricoles et minières : des zones où la différenciation des emplois était presque impossible car il n'y avait pas d'alternative à l'emploi principal.

1. Le Krach de Wall Street

La principale cause : la spéculation économique

L’économie américaine semblait en pleine forme dans les années 20. Alors que les pays européens peinaient à sortir de la guerre, les États-Unis avaient connu une croissance rapide pendant cette période, fondée sur une augmentation de la production industrielle, des progrès techniques et un travail plus productif (le Fordisme notamment s’imposaient dans les entreprises). Les banques prêtaient généreusement aux entrepreneurs qui investissaient alors massivement. Surtout, un véritable boom spéculatif s’était emparé de la population américaine (6 % en moyenne détenaient des actions en 1929). L’augmentation considérable des cours (quadruplés entre 1925 et 1939) attirait les boursicoteurs, des plus importants aux plus modestes. Les actions étaient achetées souvent à crédit (4/5e des actions en 1929) et on espérait rembourser les prêts par les plus-values obtenues en vendant les titres, une fois que leur cours aurait augmenté. Les entreprises engageaient aussi imprudemment en bourse leurs capitaux de réserve. Les banques prêtaient à tous très facilement. La hausse appelant la hausse, le crédit soutenant la montée des cours, la Bourse américaine se mit rapidement à tourner à vide en 1928, en se déconnectant de toute réalité économique.

Le jeudi noir 

Quelques signes avant-coureurs avaient été décelés notamment une faillite retentissante d’une entreprise londonienne et des données indiquant une surproduction industrielle mais il n’y a pas de réaction avant septembre 1929. La bourse alors se montre hésitante, la panique gagne les actionnaires qui souhaitaient éviter la baisse des cours et le 24 octobre 1929, 13 millions de titres sont mis en vente sans trouver d’acheteurs potentiels. Les cours dégringolent. La chute est un peu stoppée le jeudi soir mais les jours suivants, elle s’aggrave dans une panique générale. L’indice « Dow Jones » (basé sur une sélection de cours d’actions américaines) qui avait atteint environ 125 $ en 1929, s’effondre à 95 $ en 1930, 55 $ en 1931 et 26 en 1932 ! Certains actionnaires ruinés se suicident.

2. De la crise boursière à la crise économique

Le cercle vicieux

Les gens ayant acheté leurs actions à crédit ne peuvent rembourser les banques. Les banques dans l’incapacité de récupérer leur argent, sont de plus confrontées à une demande massive de retraits d’espèces par les particuliers inquiets de la situation et souvent elles ont aussi perdu à la bourse ; une vague de faillites bancaires (plus de 5000) se propage donc dans tout le pays. Des entreprises ayant investi en Bourse font faillite (23 000 en 1929 ; 30 000 en 1932). Signe de ces difficultés, la production industrielle chute de 50 % entre octobre 1929 et août 1932.

Les conséquences sociales

Les fermetures d’usines provoquent rapidement un chômage très important. Il y a plus de 12,6 millions de chômeurs en 1933 aux États-Unis alors qu’ils n’étaient qu’un 1,5 million en 1929. Des millions de gens se retrouvent donc dans la misère, sans abris et obligés d’aller à la soupe populaire (Cf. Les temps modernes de Charlie Chaplin). Les agriculteurs sont touchés aussi. Confrontés à une baisse drastique des prix agricoles (57 % environ entre juin 1929 et décembre 1932) ils doivent contracter de nouveaux emprunts pour rembourser les anciens ; parfois les banques saisissent les terres de ceux qui ne peuvent plus payer les poussant à l’émigration vers l’Ouest, vu comme un eldorado (Cf. Steinbeck, Les raisins de la colère).

3. L’extension de la crise et les tentatives de solution

La crise gagne le monde

Les banques américaines souhaitant récupérer leurs liquidités investies à l’étranger rapatrient leurs capitaux. Cette opération rapide et brutale met en difficulté l’économie de beaucoup de pays notamment européens (l’Allemagne s’était reconstruite pendant les années 1920 grâce à de nombreux prêts américains). Privés de cet argent, les pays doivent donc diminuer leurs importations (mesures protectionnistes) et leur consommation, rétractant d’autant le commerce mondial. La crise s’exporte ainsi en 1930 en Autriche et en Allemagne, en 1932 pour l’Angleterre et en 1933 pour la France.

Les tentatives de solution

Face à ces difficultés, les États essayent de réagir. Les réactions communes sont de deux types : premièrement, la dévaluation de la monnaie, comme en Grande-Bretagne (où la livre sterling est dévaluée de 40 % en 1931) et dans la plupart des pays, ce qui permet de stimuler les exportations (les produits du pays coûtant moins cher). Deuxièmement, la déflation (réduction des salaires et des dépenses pour assainir l’économie) essayée en France par exemple en 1935, mais sans grand succès. Cette politique économique a même eu un effet pervers puisqu’en réduisant la consommation, elle a aggravé les effets de la crise. Des économistes proposent aussi leurs solutions face à cette situation qui n’arrive pas, contrairement à ce que pensent les libéraux, à se résoudre d’elle-même. Keynes, un Anglais, suggère ainsi de relancer l’économie par la consommation ; par une politique de grands travaux et d’aides sociales, l’état donne du travail et de l’argent, lequel est réinvesti dans l’achat de produits industriels, ce qui relance les industries et donc l’économie du pays. Cette politique est initiée par le président Franklin Delano Roosevelt élu en 1932 ; c’est le New Deal (« nouvelle donne »). On construit ainsi des barrages (le barrage Hoover), des routes, des ponts (en 1933-34, 60 % du budget fédéral est consacré à ce type de dépenses) ; des aides financières sont distribuées aux entreprises et aux particuliers. L’économie américaine repart ainsi à la fin des années 30. D’un point de vue général, tous les États rompent avec l’idéologie libérale et interviennent dans l’économie (règlementations, prix minimum, protectionnisme). Le maximum est atteint par les régimes fascistes qui prônent l’autarcie. La politique d’armement en vue de la seconde guerre mondiale sera pour certains (l’Allemagne notamment) un moyen de résoudre le chômage et de relancer la machine économique. L’essentiel, la crise de 1929 prend son origine dans un krach boursier à New York le 24 octobre à cause d’une spéculation trop forte. Elle entraîne la ruine de centaines de milliers d’actionnaires américains et des faillites de banques et d’entreprises. Les banques américaines en rapatriant leurs capitaux placés à l’étranger vont propager cette crise. Le commerce mondial se rétracte fortement. Partout, les conséquences sociales sont dramatiques : chômage, misère, mouvements migratoires. Ce contexte social favorise la montée de mouvements extrémistes. Les états essayent de redresser leurs économies par la dévaluation et/ou la déflation. Keynes propose une relance de la consommation appliquée par Roosevelt aux États-Unis. La guerre (et sa préparation) sera pour certains pays la solution à ces difficultés économiques et sociales.

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